Les Dieux du Stade ont choisis leurs campsLe rêve de la Squadra, le cauchemar de ZidaneLE FILM DE LA JOURNEE :
Pour son poste, Fabio Cannavaro est loin d'être un géant, mais pendant tout le mois écoulé, il a compensé ce déficit de centimètres par des prestations monumentales. Comme un symbole, c'est lui qui se retrouve ce soir sur le toit de la planète football, brandissant le trophée de la Coupe du Monde de la FIFA 2006. Alors qu'un feu d'artifice illuminait le ciel berlinois, les réjouissances pouvaient commencer pour les Azzurri, qui fêtaient leur quatrième titre mondial. Côté français, la flamme était déjà éteinte, après avoir brûlé un Zidane sûrement abattu.
Cette 18ème finale s'annonçait riche sur le plan émotionnel. Elle l'aura été plus que prévu. Effervescente dans son déroulement, elle a été dramatique dans son dénouement. Au cours de la prolongation, Zidane a reçu un carton rouge, le jour de ses adieux à un sport qu'il a si longtemps enchanté par ses gestes magiques. Lors de la séance de tirs au but, les cinq artilleurs italiens ont tous tiré dans le mille tandis que David Trezeguet a eu la malchance de trouver la transversale. C'est Fabio Grosso qui a converti le cinquième penalty synonyme de quatrième sacre pour la Squadra, qui n'est plus qu'à une étoile du Brésil.
Zidane se souviendra toute sa vie de cette soirée du 9 juillet. En hommage à son héros, qui vivait en Allemagne ses dernières heures de footballeur, la France s'était promise de rééditer son exploit de 1998. Mais il y a eu ce moment fatidique où Zizou est allé donner un coup de tête sur le torse de Marco Materazzi. Ce mauvais geste, seul l'auteur saura l'expliquer. En tout cas, l'idole de tout un peuple a dû quitter le rectangle vert avant l'heure, accompagné dans le tunnel par la mitraille des flashes et les larmes des supporters français.
"Allez les Bleus", n'ont-ils cessé de scander. Galvanisés par ces encouragements, les Français ont attaqué la rencontre par le bon bout, mais ce sont finalement les Italiens qui ont eu le dernier mot. Vêtus de blanc, les hommes de Raymond Domenech en ont fait voir de toutes les couleurs aux Azzurri, qui semblaient pourtant partis pour dominer la partie de la tête et des épaules.
L'instant du jourL'échec de Trezeguet sur le deuxième tir au but français n'est pas dépourvu d'une certaine ironie. Comment ne pas penser, en voyant la tentative du Juventino percuter la barre transversale et refuser de franchir la ligne, au but en or inscrit par le Turinois en finale de l'EURO 2000 ? Six longues années après ce coup de poignard, l'Italie a enfin – et peut-être définitivement – pansé cette douloureuse blessure.
Dans la détresse de Trezeguet, on revoyait celle des illustres Italiens Franco Baresi et Roberto Baggio, malheureux, en 1994, lors de la première finale de Coupe du Monde de la FIFA décidée depuis le point de penalty. A la fin de la cruelle épreuve de vérité, Mauro Camoranesi a pris le temps d'aller consoler 'Trezegol', avec lequel il partage le vestiaire à la Juve.
L'Olympiastadion a eu droit à une entame musclée. Sur son premier ballon, Thierry Henry est entré en collision avec Cannavaro. Sonné, l'avant-centre londonien a tardé à se relever. Les Français ont alors cru perdre un de leurs atouts majeurs. La civière a été appelée, mais le capitaine des Gunners, auteur de trois buts depuis le début de la compétition, a repris du service.
Bien lui en a pris. Car sur l'une de ses actions suivantes, une déviation de la tête d'un long dégagement de Fabien Barthez, il a lancé Florent Malouda, qui est allé provoquer une faute de Materazzi dans la surface. Zidane s'est chargé d'exécuter le penalty avec une impressionnante nonchalance, osant une "Panenka" qui a ricoché sur l'intérieur de la transversale avant de rebondir derrière la ligne.
En réussissant son coup de poker, Zidane a rejoint les Pelé, Vava et autres Paul Breitner dans le cercle très fermé des joueurs ayant marqué dans deux finales de Coupe du Monde de la FIFA.
L'homme du jourAndrea Pirlo - raffinement et efficacitéCe but précoce n'a pas troublé outre mesure une Squadra Azzurra sûre de son fait. Les passes transalpines se sont même faites plus précises, les tacles plus incisifs et plus efficaces. Andrea Pirlo et Gennaro Gattuso ont pris les commandes de l'entrejeu, pendant que Gianluca Zambrotta et Camoranesi s'entendaient comme larrons en foire sur le côté droit.
C'est d'ailleurs la ténacité de l'Italo-argentin qui a contraint Eric Abidal à concéder, à la 19ème minute, le corner qui a amené l'égalisation. Avec un geste fluide au point d'en paraître désinvolte, Pirlo a déposé le cuir sur la tête de Materazzi, qui a conclu avec autorité au-dessus de Patrick Vieira.
Le soleil a choisi ce moment précis pour réapparaître derrière un nuage. Comme pour mettre en lumière le réveil italien et lancer cette finale sous un nouveau jour. Parfaitement remis de son petit K.O. initial, Henry est devenu l'ennemi numéro un des hommes de Marcello Lippi. Mettant à profit sa couverture de balle parfaite, l'ancien Monégasque a causé bien des tracas à l'arrière-garde azzurra, tout en faisant briller l'intenable Franck Ribéry.
La France s'est créée plusieurs grosses occasions, notamment cette tête de Zidane en prolongation, claquée du bout du gant par Buffon. C'était juste avant que Zizou ne prenne sa retraite anticipée à cause d'un regrettable moment d'égarement.
Le but du jourFabio Grosso : Italie 4-3 (t.a.b.) - En manquant sa tentative, Trezeguet a placé Grosso dans une situation à la fois enviable et périlleuse : celle de l'homme qui a le titre au bout du pied et tout le temps de gamberger pendant les quarante mètres séparant le rond central du point chaud. D'un imparable tir du gauche croisé, le défenseur palermitain a bouclé en apothéose son formidable mois allemand. Après 24 ans d'attente, l'Italie est de nouveau championne du monde.